Stratégies Emballages
Fabrice Peltier lauréat de la 7ème édition de Stratégies Emballages
Son itinéraire est un chemin de vie qui était tracé, estime Fabrice Peltier. « Je n’ai pas forcément pris les routes que j’aurais imaginées, mais ce chemin présente beaucoup de cohérence, finalement », confie cet agitateur de 58 ans, passé par la Lozère et l’Ardèche, Clermont-Ferrand, puis Grenoble, qui vit aujourd’hui en Haute-Savoie, face au Mont-Blanc. Sa trace, c’est celle de l’écologie. Enfant, déjà, le week-end, ce fils d’une institutrice et directrice d’école maternelle et d’un ingénieur des Eaux et Forêts nettoie les dépôts sauvages au bord des routes de Lozère avec une association de protection de la nature. Il croise aussi Pierre Rabhi, un ami de son père, qui lui-même a eu René Dumont pour professeur. « Je baignais dans un univers d’écologistes humanistes qui prônaient une forme de développement durable. »
Le jeune Fabrice, passionné de vélo et de ski, ne brillant pas à l’école, au point d’être recalé en sport-études, son père l’oriente vers une formation technique dans l’imprimerie. « J’ai adoré, et j’ai renoncé à la compétition de ski pour celle des arts graphiques, la première place revenant pour moi à l’École Estienne, à Paris. » Défi relevé. Non seulement il y découvre le design, avec les contraintes de création et de reproduction, mais il commence à en faire son métier. Dès la deuxième année, il a sa propre clientèle. Et, à sa sortie, en 1983, il en vit. « J’ai même été un peu obligé de créer mon entreprise parce que j’avais trop de travail, alors que je n’avais absolument aucune prédisposition pour cela. » L’agence P’Référence voit le jour en 1985.
360 degrés
Entrepreneur presque malgré lui, Fabrice Peltier tombe aussi dans le packaging sans le vouloir : « Un laboratoire suédois, puis L’Oréal m’ont contacté. J’ai découvert que ce n’est jamais que de la mise en page en trois dimensions. » Ses compétences techniques lui valent ensuite de dessiner des produits et de prendre en charge jusqu’à la publicité sur le lieu de vente (PLV). Il ne conçoit ainsi son métier que dans une approche globale. « C’était du 360 degrés avant l’heure. » Durant ses 26 années d’existence, l’agence créera le design de plus de 12000 produits de grande consommation. Ce succès lui permet d’assouvir sa passion pour Tintin : pendant cette période, Fabrice Peltier s’est constitué sans doute l’une des plus importantes collections au monde, aujourd’hui vendue et remplacée par des œuvres d’art moderne liées au packaging.?Cette passion n’est pas étrangère à ses tentations journalistiques, concrétisées par des chroniques livrées un temps à Marketing Magazine et, depuis octobre 2002, à?Emballages Magazine.?Néanmoins, celui qui est parfois baptisé le "designer de l’or-dure" ressent rapidement un décalage entre ses valeurs personnelles et son univers de travail : créer de futurs déchets qu’il peut retrouver dans le caniveau le culpabilise.? En même temps, il observe que si trop d’emballages se perdent, trop de denrées se perdent sans emballage. De là découle son engagement pour l’éco-design et l’éco-responsabilité, inscrivant le pack dans toutes ses fonctions, de la production à la fin de vie en passant par le distributeur et le consommateur. À une époque où ces questions n’étaient guère d’actualité. Il fait alors figure de créatif un peu "exotique", de rêveur, voire d’illuminé. « C’est pourquoi j’ai commencé à écrire. » Il signera plusieurs ouvrages dans la collection qu’il dirige chez Pyramyd, L’Impact du pack et Le Design pour les nuls. Il finit par être écouté. « Par exemple, Eco-Emballages ne voulait pas entendre parler d’info-tri. Jusqu’à ce que je convainque Serge Papin, le patron de Système U, qui l’a mise en place en 2004. » S’ensuivent la participation à la fondation de l’Institut National du Design Packaging (INDP) en 2003, l’ouverture de la Designpack Gallery en 2008, avec une librairie, une boutique, une galerie et une salle de conférences – « un succès médiatique, mais un fiasco financier » –, puis, en 2010, le lancement de l’Allée du Recyclage, un lieu d’exposition permanent dans les couloirs du métro parisien, au pied du Louvre. « Elle m’a permis de rencontrer des milliers de gens et de bien comprendre leur perception : ils ne trient pas, ils recyclent. » Il met en scène ses propres réalisations artistiques à partir d’emballages recyclés. Il est également nommé expert en design packaging auprès de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi) « parce que l’emballage sauve bien plus de vies qu’il n’en tue ». Fin 2011, Fabrice Peltier vend P’Référence au spécialiste de la production publicitaire Diadéis. Soucieux de transmission et d’anticipation, il se préoccupe davantage de méthodologie, « largement en amont du travail d’agence », et entend désormais conseiller les fabricants d’emballages et de produits emballés dans la préparation des briefs, quitte à les bousculer. Son credo : communiquer, montrer, promouvoir le changement de modèle.
Vision dérangeante
II synthétise cette vision souvent dérangeante dans l’étude L’Emballage à l’aube de sa révolution, réalisée pour le salon All4Pack en 2018. Avec d’autres designers et des consommateurs, il y dénonce les dérives et le manque d’engagement des industriels. « Les réactions actuelles proviennent en partie d’une inertie en amont, d’une absence de courage pour se réguler. Ce qui est questionné finalement, ce n’est pas tant l’emballage qu’une forme de gaspillage, la notion d’usage unique est le summum de l’obsolescence programmée » Il se concentre aussi sur ses ateliers d’écoconception, à destination des fabricants d’emballage et des marques. La démarche est basée sur un "cycle de vie qualitatif" de l’emballage. « Je n’oppose pas l’écoconception aux fonctionnalités ni à l’esthétique ou à l’aspect commercial, je donne des pistes pour s’engager sans faire n’importe quoi. » Mais là encore, le succès le rattrape : « Je vais essayer de trouver des partenaires pour passer le témoin. » Parce qu’il veut profiter de sa vie à la montagne, cultiver son jardin, randonner, skier... Selon le principe du bien-vivre, mais de manière responsable, en veillant à un impact minimal. Fabrice Peltier espère ainsi réaliser son ambition : une vie proche d’un bilan carbone neutre. La trace, toujours.
ARNAUD JADOUL, Emballages Magazine N°1010, Novembre 2019
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Fabrice Peltier
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