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Interviews et Tribunes libres 2014
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Packaging Durable : “Nous sortons de l’ère de l’éco-conception pour entrer dans l’ère de la recyclo-conception”

Designer et consultant, Fabrice Peltier a conçu plus de 12000 produits de grande consommation et plaide depuis plus de vingt ans pour un design respectueux de l’environnement. À contre-courant, il défend le packaging comme solution “anti-gaspi”.

Youphil : Pour vous, qu’est-ce qu’un packaging durable ?
 
Fabrice Peltier :
Par essence, le packaging est durable dans la mesure où sa fonction est de protéger un contenu. Les consommateurs assimilent malheureusement l’emballage à un déchet, or il ne faut pas oublier que sa fonction première est de protéger des denrées et des biens de consommation, pour que l’on puisse les transporter et les conserver. En moyenne, un emballage ne représente qu’une très faible part de l’impact environnemental d’un produit emballé. À partir du moment où il a mobilisé une quantité de ressources inférieure à ce qu’il contient, l’emballage est durable.

Que pensez-vous du phénomène de “suremballage” ?
F.P. : Il faut la juste quantité d’emballage pour la juste protection du produit qu’il contient. Surprotéger, c’est entrer dans une logique de suremballage, une forme de sur-consommation d’emballage. La juste dose repose sur un équilibre complexe. Il n’existe pas de “meilleure solution” dans l’absolu pour contenir du lait, par exemple. Cela dépend du lieu de production, de la durée de conservation souhaitée, du circuit logistique qu’il doit emprunter...

Vous dites aussi souvent que le problème de l’emballage se situe davantage au niveau des transports...
F.P. : Il faut en effet prendre le produit dans sa globalité. Si l’on prend l’exemple de la salade en sachet, le problème ne vient ni de la salade, ni du sachet. Il y a vingt ans, nous consommions de la salade en fonction de sa saison de pousse. Aujourd’hui, nous la faisons venir tout au long de l’année du Maroc. Ainsi, nous pouvons manger de la frisée été comme hiver. Donc le problème, c’est le transport. L’emballage est le “bon client” car il est visible. Qui se préoccupe des déchets radioactifs ou des émissions de particules fines liés à la livraison et à la conservation au frais de ces produits?

La problématique du développement durable est-elle nouvelle dans le design de packaging ?
F.P. :
Personnellement, j’en parle et je l’applique dans mon travail depuis plus d’une vingtaine d’années mais c’est quelque chose qui interpelle depuis peu les professionnels. Reste à distinguer un vrai travail d’éco-design d’un simple “green-looking” de produit. L’éco-design requiert de travailler avec des ingénieurs. Il faut veiller à éviter les transferts de consommation de matériaux, voire de pollution, de l’emballage primaire vers l’emballage secondaire. Il y a encore dans la profession une méconnaissance du réel cycle de vie de l’emballage, de la production des matériaux en amont à son recyclage en fin de vie. Cela devrait pourtant être une priorité absolue pour nous faire entrer dans l’ère de ce que j’appelle la “recyclo-conception”.

De quoi s’agit-il ?
F.P. : Depuis la mise en place du dispositif “Point Vert” en 1993, nous mettons nos emballages dans les bacs de tri sélectif pour qu’ils soient recyclés. Aujourd’hui, l’enjeu n’est pas seulement de demander aux citoyens de mieux trier et de trier plus, mais aussi de demander aux industriels d’améliorer la recyclabilité des emballages. Comment faire pour qu’une tonne d’emballages rapporte le plus de matière recyclée possible ? Le plus gros gisement d’augmentation des taux de recyclage est dans l’amélioration de la recyclabilité de ce que les gens trient. Concevoir des emballages en optant pour des solutions qui permettent d’obtenir plus de matières au recyclage, c’est cela la recyclo-conception.

À quelles solutions pensez-vous ?
F.P. : Utiliser moins d’encres et de vernis sur les papiers et cartons, opter pour des emballages mono-matériaux, faire en sorte que les emballages soient plus faciles à trier... Il existe de multiples solutions. Nous sortons de l’ère de l’éco-conception pour entrer dans
l’ère de la recyclo- conception. En effet, des emballages éco- conçus aboutissent trop souvent à une non recyclabilité. C’est le cas de l’allégement des sachets souples qui, in fine, rend ces sachets non recyclables. Je préfère un sachet en plastique plus épais, mais recyclable, car au moins le plastique sera réutilisé.

Vous êtes expert pour l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (l’ONUDI). L’emballage pour vous, c’est aussi une question de développement humain...
F.P. : Ce n’est pas moi qui le dit, c’est l’ONU ! La problématique des trois quarts de la population dans le monde est d’avoir accès à une nourriture saine et de l’eau potable. L’emballage a permis d’éradiquer le scorbut, la listeria... En cas de catastrophe humanitaire, ce sont des bouteilles d’eau, des boîtes de conserve qui sont envoyées sur le terrain. L’emballage est anti- gaspi. C’est le seul moyen de ne pas perdre de denrées. Le problème vient du fait que nous jetons à la poubelle 20 % de ce que nous achetons, parce que nous sommes des enfants gâtés.

Propos recueillis par Hélène Fargues, Youphil, décembre 2014
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Fabrice Peltier conseil en design packagingFabrice Peltier : « Pour le consommateur, le design c’est l’usage »

En «off» du salon Emballages, le 17 novembre se tenait le premier «Dieline Summit» organisé en Europe, un rendez-vous d’avant-garde sur le futur du design packaging. Entretien avec Fabrice Peltier, expert du design packaging, qui a importé ce rendez-vous en France.


Quel futur pour le design packaging? Pendant une journée, durant la première édition française du «Dieline Summit», les designers et agences de design d'une vingtaine de pays ont phosphoré sur l'avenir de leur métier, et l'évolution des usages des consommateurs.
Demain, le packaging sera bouleversé par l'arrivée de nouvelles technologies, telles que des étiquettes d'emballages lisibles par le smartphone des consommateurs, la livraison par drones (qui impliquera des packagings adaptés), l'impression 3D, le bio-packaging, et même l'imagerie holographique, que teste déjà le distributeur Walmart. Entretien avec Fabrice Peltier, expert du design packaging, qui a importé ce rendez-vous en France.

Stratégies : Pourquoi cette idée d'importer le Dieline Summit en France ?
Fabrice Peltier :
Ce congrès a été créé aux Etats-Unis par Andrew Gibbs, créateur de thedieline.com, une plateforme de référence online sur le design packaging. Nous voulions créer ce même type de rencontre en Europe, sur le design packaging. Aux Etats-Unis, des grandes entreprises se dotent de CDO (chief design officer), qui siègent au conseil d'administration.

Nous avons volontairement choisi de n'avoir que des intervenants américains, parce qu'ils ont un état d'esprit différent des agences françaises sur le design. Ils ont une approche transversale, pragmatique, sur la preuve scientifique.
Parlez aux créatifs américains de «french touch» en design, de Marque France (le label pourrait redevenir d'actualité et être lancée début 2015, ndlr), ils n'en n'ont pas forcément entendu parler... Même si des marques comme Peugeot ont des voitures labellisées «Origine France Garantie».

Quels sont les enjeux actuels en design packaging ?
F. P. :
Du côté de la marque, du donneur d'ordre, il s'agit de vendre son produit, de faire de la croissance, voire de fidéliser sa clientèle. Le packaging est pour elle une unité de vente. Certaines jouent sur l'histoire à raconter, l'émotion à introduire, comme ce qu'a fait Coca Cola avec ses bouteilles personnalisées par des prénoms. Pour le consommateur, c'est l'usage: l'emballage de son produit doit être facile à ouvrir et à fermer, mais aussi donner les informations sur le produit.

Dans son intervention dimanche 16 novembre, Rebecca Costa, sociobiologiste américaine et auteure du livre controversé The Watchman's Rattle, a présenté plusieurs pistes d'avenir, comme les drones, le bio packaging...
F. P. :
Pour les drones, alors qu'Amazon et Google ont déjà annoncé des projets de livraisons par drones, cela nécessitera des packagings adaptés. Quant à cette tendance du «biodegradable packaging» , ces emballages que l'on pourra manger ou qui s'auto-dégraderont, je n'y crois pas trop car ils commencent à se dégrader dès leur production – et protègeront donc moins bien le produit. En matière d'emballages recyclables, je crois davantage en une initiative telle que la marque de vin Less (Landor Associates pour Cave Garibaldi), avec du vin vendu en gros, dans une bouteille à ramener pour la recharger.

Propos recueillis par Capucine Cousin, Statégies, novembre 2014d

"L'Eco-Encrage" devrait être un réflexe !


Fabrice Peltier, designer et créateur d’emballages, plaide pour une meilleure prise en compte de l’encre lors de la conception des emballages. Les gains pour le portefeuille et l’environnement sont en effet spectaculaires !

Se poser la question de la consommation en encres d’impression d’un nouvel emballage devrait être un réflexe. C’est en tous les cas, ce que souligne Fabrice Peltier, expert du design-packaging. «Acheter une voiture sans se demander combien elle consomme d’essence est inimaginable, martèle le designer. Cela devrait être la même chose lorsqu’on conçoit un packaging ! ».
Les principaux acteurs de l’industrie du PGC (les produits de grande consommation) commencent d’ailleurs à intégrer dès la conception de leurs emballages la méthodologie d’optimisation de l’impression baptisée « Eco-Encrage » qu’il a développé et que met en œuvre l’agence de création Diadeis pour laquelle il officie aujourd’hui.
« Plus de 250 produits de grandes marques ont été analysés depuis 2010 pour définir l’expertise et les moyens à mettre en œuvre et affiner les modèles de calcul qui permettent un chiffrage précis des gains de l’Eco-Encrage », indique Fabrice Peltier. Ceux-ci sont spectaculaires. La diminution moyenne de la consommation d’encres est de 15 à 25 % mais elle peut atteindre 50 % voire davantage sur certains emballages. « Sans bien sûr paupériser la création c’est à dire avec un décor qui garde la même fonction et le même impact marketing et est aussi lisible et attractif », insiste-t-il. 

Plusieurs leviers pour faire varier la consommation en encres d’impression

Comment est-ce possible ? « Il faut travailler sur la création et se poser la question de l’effet recherché et de la quantité ou du nombre d’encres (donc de couleurs, NDLR) nécessaires pour l’obtenir», explique l’expert.  Pour atteindre ce résultat, les leviers sont nombreux. On peut jouer sur  les contrastes, ouvrir les dégradés, réduire les couleurs, pratiquer le sous-lignage plutôt que le sur-lignage ou encore limiter les surimpressions sur les à-plats et notamment sur la base des emballages qui n’est pas visible par les consommateurs quand le produit est en rayon. « Cette technique du « less is more » se révèle très efficace quand on associe toutes ces solutions ! », s’enthousiasme le créateur d’emballages. 

L’encre représente 7 à 8% du prix d’un emballage

Les bénéfices sont à la fois économiques et écologiques. « L’impact économique de l’ « Eco-Encrage » est loin d’être négligeable d’autant que prix de l’encre ne cesse d’augmenter,  la part de l’encre représentant déjà 7 à 8 % du prix de l’impression d’un emballage », chiffre-t-il.
Les avantages sont bien réels également au moment du recyclage. L’  « Eco-Encrage » n’est en effet pas une substitution, ce qui ne ferait que déplacer le problème, mais une réduction à la source avec des gains en eau, en émission de CO2, en énergie, en solvant … et donc aussi une réduction de la toxicité
Or la préoccupation de la santé humaine est devenue primordiale. « L’ « Eco-Encrage »  est une démarche qui se révèle triplement gagnante. Elle va s’imposer comme une nécessité d’autant plus facilement qu’on n’enlève rien au process mais qu’au contraire on l’améliore », prédit Fabrice Peltier.

Propos recueillis par Philippe Matthieu, LeHub Proposé par Tetra Pak, juillet 2014 d

 

fabrice peltier - Tedx"Le design est tout sauf un concours de beauté"

C'est quoi le design?

Réponse lors du TEDx de Cannes le 26 avril 2014...



 

Récits de design : Fabrice Peltier et Don Norman

fabrice peltier - Tedx

Cette semaine, nos conférences parlent de design, ce concept a la croisé du beau, du fonctionnel et de l’émotionnel.

Mais que veut réellement dire ce petit mot intraduisible, design ? C’est la question que se pose Fabrice Peltier. Pour le définir, il fait appel à une source insolite : sa grande mère Jeanette, qui privilégiait l’utile au décoratif. Le conférencier utilise cet exemple pour expliquer qu’un bon design n’est pas forcément beau à proprement dit. Pour lui, le rôle du design est d’abord d’être reconnaissable, de se distinguer des autres produits. Le message auquel tient le plus notre intervenant est qu’un bon design crée une expérience. Le designer devrait étudier les interactions entre l’utilisateur et le produit, qu’elles suivent ses prédictions ou non. A la fin de sa conférence, Fabrice Peltier résume avec simplicité l’attitude du consommateur actuel : il veut de bons produits pas chers, évidement. Mais il veut aussi des produits qui le rendent heureux.

Sur ce dernier point, il me rappelle Don Norman dont l’une des conférences TED s’appelle littéralement “un bon design rend heureux”. Celui-ci illustre les trois qualités qu’il recherche dans le design. Après une vie d’outils fonctionnels, Don Norman parle de sa nouvelle attirance pour les choses belles, émotionnelles et viscérales. Il accorde une grande importance à l’expérience, bien plus qu’au produit en lui-même. C’est là qu’il aurait peut-être débattu avec la grand-mère Peltier. Le design qu’il admire a une histoire, il est presque méditatif. Dans sa conférence, il décrypte la conception d’une théière qui n’est pas juste utilisable mais qui communique. La logique de Don Norman est qu’un objet plaisant va rendre son utilisateur heureux et cette expérience en elle-même a de la valeur, au delà de la fonction de l’objet.

Ces deux passionnés ont une définition similaire du design, qu’ils conçoivent comme une expérience. Fabrice Peltier est néanmoins plus réaliste et pense au consommateur lamdba qui n’achète pas de tabourets Philippe Starck. Alors que Don Norman admet avec le sourire que son presse-agrumes plaqué or du même designer est exposé plus qu’utilisé. Entre une expérience poétique et du jus d’orange frais, il a fait son choix !

La conférence de Don Norman --->  

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fabrice peltier - recyclageLe recyclage n’est pas un point faible de la brique alimentaire !

Alliance Carton Nature, représentant des fabricants de briques alimentaires en France, fait intervenir régulièrement des experts sur des questions autour des emballages en faveur du développement durable. En novembre, ACN a ainsi échangé avec Fabrice Peltier, designer de formation et expert en design packaging, sur la brique alimentaire et le recyclage.

Combien de fois ai-je entendu dire : « Les briques alimentaires se recyclent mal.», ou pire « Les briques alimentaires ne se recyclent pas. »… Ces propos, qui sont souvent tenus par des défenseurs d’autres types d’emballages dont les taux de recyclage sont peut être plus présentables, m’ont cependant toujours laissé songeur, car en théorie, comme l’affirmait le chimiste Antoine Laurent de Lavoisier dès la fin du XVIIIème siècle : « Rien se perd, rien ne se crée, tout se transforme. ». Et n’en déplaise à ses détracteurs, même les briques alimentaires !
Certes le recyclage des briques alimentaires constituées de plusieurs matériaux est complexe. Il n’en demeure pas moins éprouvé depuis de nombreuses années et permet  de générer des matières secondaires de grand intérêt. 

Une excellente pâte à papier
Une brique alimentaire est principalement constituée de fibres vierges longues d’une excellente qualité pour réaliser à nouveau des produits papetiers. Les briques issues du tri sélectif sont regroupées en grandes balles dans les centres de tri et sont acheminées chez des recycleurs de papier. Ceux-ci les plongent dans des grandes cuves d’eau, appelées des « pulpeurs », qui les malaxent pour séparer les fibres papetières des deux autres constituants de l’emballage : un film en matière plastique et de l’aluminium. Ce processus appelé le « défibrage » permet de récupérer le carton, matériau composant 75% d’une brique alimentaire et de reconstituer une pâte à papier de très belle facture qui sera ensuite introduite dans un processus de fabrication papetière pour réaliser, entre autres, des cartons d’emballages, des enveloppes, des essuie-tout ou bien du papier toilette…
Et pour les résidus qui ne sont pas transformés en pâte à papier ?
Il s’agit de matières plastiques, principalement du polyéthylène, de l’aluminium et une faible quantité de fibre de cellulose résiduelle, soit environ 25% du matériau composant une brique. Contrairement à l’idée répandue, ces résidus de « pulpeurs » ne partent pas en fumée dans ce que nous appelons, pour nous donner bonne conscience, la valorisation énergétique. Ces déchets issus d’une première phase de recyclage sont bel et bien une ressource exploitable pour obtenir un matériau étonnant à plus d’un titre. 

Un matériau secondaire à élever au rang de matière première
En effet, ce matériau secondaire constitué essentiellement de polyéthylène et d’aluminium, appelé du « PoyAl », permet de réaliser par extrusion toutes sortes de profilés, des bastaings et des planches, ainsi que des bandes semi-rigides. Ceux-ci peuvent ensuite être coupés, usinés, percés, vissés pour concevoir toutes sortes de meubles et d’objets. Pour avoir commencé à travailler avec ce matériau dont on ne soupçonne pas encore toutes les qualités et les applications, je peux d’ores et déjà affirmer qu’il s’agit d’une véritable matière première. Imputrescible, ultra résistant, non toxique, d’entretien facile et de surcroît de très belle facture, ce nouveau matériau issu du recyclage des briques alimentaire me semble promis à un très bel avenir. Il possède toutes les qualités d’un matériau dit « noble », car il permet de concevoir des choses totalement impensables avec d’autres matériaux.
Le « PolyAl » recèle son propre territoire d’expression, il suffit juste de le défricher. Alors je dis aux designers « à vous jouer… » et je rappelle aux trieurs « n’oubliez pas les briques… ».

Par Fabrice Peltier , Publi communiqué LSA, 2014
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