Emballages standards réemployables
Fabrice Peltier conçoit les premières bouteilles standards réemployables et leur signe distinctif
La loi anti-gaspillage et pour une économie circulaire (AGEC) a demandé aux sociétés agréées pour la gestion des déchets d’emballages ménagers de définir « des gammes standards d’emballages réemployables pour les secteurs de la restauration, ainsi que pour les produits frais et les boissons ».
Dès le printemps 2021, Citeo a mis autour de la table les industriels et les acteurs du réemploi. En partant des contraintes industrielles et opérationnelles, les acteurs ont identifié les emballages de référence (forme, contenance, matériau, type de fermeture) qui pourraient être utilisés dans des systèmes de réemploi à une échelle nationale. À l’issue de ce travail collaboratif Citeo a confié à Fabrice Peltier la mission de concevoir ces emballages ainsi que le signe distinctif qui permettra de les reconnaître.
Après 30 visites de sites industriels et plus de 150 interviews de toutes les parties prenantes et services de l’entreprise et plus d’une année de travail, j’ai posé trois convictions comme étant des prérequis à leur conception :
- Que ces emballages doivent passer sur les lignes d’emballages à usage unique utilisées par les industriels avec un strict minimum de modification de réglage ;
- Qu'ils permettent à la marque de parfaitement se démarquer et offrir un maximum de possibilités d’étiquetage ;
- Qu'ils portent un signe distinctif qui doit être évident, immédiatement compréhensible et mémorisable, en s’interdisant d’utiliser des flèches qui sont largement préemptées par le Recyclage.
Et, bien entendu qu’ils soient adaptés à toutes les contraintes du réemploi, notamment en termes de facilité de lavage et de robustesse pour assurer un maximum de réutilisation…
Lors de cette matinée a été dévoilé leur signe distinctif : un « R♥ï¸ » suivi de la mention réemployable.
- Un « R » : comme Rapporter, Retourner, Rendre, Restituer, Remettre sur le marché, et bien sûr Réemployer, Réutiliser, mais aussi Recycler lorsqu’il n’est plus apte…
- Un « ♥ï¸ » car un emballage réemployable est un emballage dont le cœur ne cesse pas de battre après le premier usage…
Ce signe distinctif, un R avec un cœur en son centre et la mention réemployable, a été soumis à un sondage Ipsos avec quelques autres propositions. C’est celle-ci qui a remporté le plus d’adhésions auprès des sondés.
À ce stade, ces emballages ne sont que des prototypes que l’on ne peut pas encore commander auprès d’un verrier. Citeo prévoit une mise à disposition de ces emballages pour fin 2023 car le process - appel d'offre auprès d'un verrier, fabrication des moules, etc. - est en cours...
"La presse en parle..."
Comment rendre la consigne vraiment écolo ?
Fabrice Peltier répond aux questions de Roselyne Dubois sur BFMTV.
Les emballages standards réemployables mutualisés, c'est quoi ? Comment celà va-t-il fontionner ? La France est-elle en retard dans ce domaine ?
Fabrice Peltier : « Un contenant réemployable doit passer par les mêmes lignes qu’un emballage à usage unique »
Fabrice Peltier, designer et expert éco-conception des emballages, présentera des dispositifs d’emballages réemployables et réutilisables lors des « Assises nationales du réemploi », au salon Prod & Pack, mardi 21 novembre à Eurexpo Lyon.
Process Alimentaire : Quel est le principal défi à relever pour déployer l’écosystème du réemploi à l’échelle nationale ?
Fabrice Peltier : À mon sens il y a plusieurs défis. Un défi industriel bien entendu, mais surtout un défi consommateur. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai créé le logo « R Cœur » qui sera gravé sur les emballages standards développés par l’éco-organisme Citeo. C’est le geste du cœur du consommateur qui fera que le réemploi marchera ou pas. On peut faire tout ce que l’on veut. Si le consommateur ne ramène pas ses emballages et n’adhère pas au réemploi, ça ne fonctionnera pas.
P.A. : Comment embarquer le consommateur ?
F.P. : Il faut bien comprendre que le réemploi est un autre parcours client que celui de l’emballage à usage unique. Il va falloir faciliter, peut-être dans certains cas récompenser, dans d’autres valoriser, de manière à ce que le consommateur y trouve un certain intérêt. C’est là qu’on peut avoir le plus d’inquiétudes et qu’il va falloir faire preuve de créativité.
P.A. : Quels sont les freins à ce passage à l’échelle nationale ?
F.P. : Ils sont d’abord humains. Ce sont les freins de la pensée. Ceux qui disent « on ne va pas revenir en arrière ». Il y a aussi des réticences marketing. Du point de vue des industriels, les outils de production existent depuis 30, voire 60 ans, avec des process qui fonctionnent parfaitement. Le réemploi impose une remise en question. Ce changement « forcé » est difficile à accepter.
"C’est une révolution industrielle qui part du principe qu’un emballage réemployable doit passer par les mêmes lignes que l’emballage à usage unique, dans un minimum de temps et de réglage. Donc il est hors de question qu’il y ait une ligne spécifique dédiée à l’emballage réemployable". Fabrice Peltier, designer.
P.A. : Qu’en est-il de la mise en œuvre industrielle ?
F.P. : Nous sommes en train de résoudre cette problématique. C’est une révolution industrielle qui part du principe qu’un emballage réemployable doit passer par les mêmes lignes que l’emballage à usage unique, dans un minimum de temps et de réglage. Donc il est hors de question qu’il y ait une ligne spécifique dédiée à l’emballage réemployable. On va peut-être se retrouver avec des marchés qui basculeront majoritairement sur le réemploi, certains à 50/50 et d’autres à seulement 20 %. Cela passe par de l’audit. Ma méthode d’éco-conception consiste à regarder dans les usines comment ça marche, d’interroger les personnes qui sont dans la chaîne de valeur et dans le cycle de vie de l’emballage afin de prendre en compte toutes les contraintes.
P.A. : Quelles sont les caractéristiques des emballages réemployables et réutilisables que vous avez contribué à concevoir avec Citeo ?
F.P. : Cet emballage doit être récupérable, nettoyable, lavable, contrôlable, re-palettisable. Nous devons lui amener des fonctionnalités propres à ce cycle de vie complémentaire, parfois totalement invisibles mais qui sont bien là. Avec la juste quantité de matériaux pour qu’il soit réemployable et toujours recyclable en fin de vie. Nous avons démarré avec une gamme en verre qui a été présentée officiellement en mai dernier. Mais nous travaillons sur d’autres matériaux : inox, plastique, acier. Nous avons 18 marchés à adresser. In fine, nous aurons une gamme d’un peu plus d’une vingtaine de contenants pour l’alimentaire.
P.A. : Quand ces emballages seront-ils mis à disposition ?
F.P. : Les premiers emballages en verre sont prêts à partir en production et devraient sortir au premier semestre 2024. Et, d’ici la fin de l’année 2024, des emballages standards en inox devraient aussi voir le jour. Tout cela suit un processus qui peut paraître long mais qui, vu les enjeux, est tout à fait raisonnable.
Propos recueillis par Marion Despouys, Process Alimentaire, Hors-série, Novembre 2023
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